La sophrologie: une alliée pour gérer son stress au travail




Dossier Travail et Santé, Revue Santé Intégrative n°35

par Alain GIRAUD - Sophrologue

Le mal-être au travail, et le stress qui en découle en particulier, sont devenus malheureusement une réalité quotidienne pour un grand nombre d’entre nous. L’importance de ce phénomène de société et son impact, tant sur la santé individuelle que sur la santé économique des entreprises, ont abouti à l’instauration d’un cadre légal contraignant les entreprises à mettre en place des mesures de prévention de ces risques psychosociaux.

De nos jours, les salariés et les entreprises doivent viser non seulement la performance, mais très souvent avoisiner l'excellence. Ils répondent à de très nombreuses sollicitations qui les poussent à courir toujours plus vite et à combler le moindre espace de silence. Une telle pression les place sous tension constante, aussi bien physique que psychologique. Ils ne disposent plus du recul nécessaire pour poser des mots sur leur ressenti. C’est alors le corps qui exprime ce désarroi à travers un mal-être. Il semble important de se préserver un espace intérieur pour souffler, être en lien avec ses sensations, les accueillir, se sentir en contact avec elles… Mais cela demande de prendre du temps pour soi, de se poser, de lâcher les tensions, de s’arrêter d'agir quelques instants. Devenu ainsi un phénomène de plus en plus courant, il devient très important de ne pas le négliger et de le traiter.

Laurence Roux-Fouillet, sophrologue expérimentée et formatrice en entreprise, auteur de La sophrologie au travail et autres techniques pour rester zen (Le Passeur éditeur 2013) propose des outils efficaces, positifs et surtout réalistes aux laurence-roux-fenouilletsalariés désireux de trouver des solutions individuelles pour faire face aux contraintes qu’ils rencontrent.

Alain Giraud : Depuis une dizaine d’années, vous avez accompagné plus de 2000 salariés dans le cadre de formations en entreprise. Vous êtes chroniqueuse sur le net. Vous avez créé "l’espace du calme". D’où vous vient cet intérêt très marqué pour la sophrologie au travail ?

Laurence Roux-Fouillet : Issue moi-même du monde de l’entreprise, je me suis intéressée très tôt à la sophrologie pour m’aider à faire face aux enjeux professionnels qui s’imposaient à moi. J’évoluais dans le secteur de la communication et de l’événementiel, et le stress faisait partie intégrante de mon quotidien. Agenda bondé, rendez-vous successifs, fournisseurs indélicats et clients intransigeants me mettaient au supplice… Et malgré une conscience professionnelle hors paire, je subissais les affres du stress : ventre noué, souffle court, muscles crispés… sans oublier un sommeil agité, perturbé par des pensées lancinantes : jamais je n’allais m’en sortir ! Dès le départ, la sophrologie m’a permis de retrouver un équilibre physiquement ressenti, et d’atténuer les pensées anticipatives qui me polluaient. Je me sentais "mieux dans mon corps et mieux dans ma tête", parfaitement capable de m’en sortir. Cette méthode a souvent fait la différence, et laissait mes collègues interloqués : « mais toi, comment fais-tu ? »

Après avoir pratiqué la sophrologie pour vous-même, comment avez-vous introduit les particularités de la sophrologie au travail dans votre métier de sophrologue ?

Je m’y suis formée en 2002 dans une école non caycédienne, l’Institut Cassiopée Formation. J’ai commencé ma carrière de sophrologue en proposant des cours collectifs. Cette formule est une excellente manière de débuter pour tout néophyte. J’ai rapidement réalisé que la plupart des élèves de mes cours étaient motivés par les tensions qu’ils rencontraient dans leur activité professionnelle. Ils venaient au cours, pour se détendre, se changer les idées, prendre du recul… car le travail occupait leurs journées, mais aussi leurs nuits. J’ai eu l’envie de leur faire partager mon expérience, et d’adapter les techniques proposées à leurs situations professionnelles.

La sophrologie peut-elle apporter une aide considérable aux salariés et à l’entreprise afin de mieux gérer le stress lié au travail ?

La sophrologie a d’abord l’avantage de "remettre dans le corps" des personnes qui sont submergées par un mental dominant. D’une part parce qu’elles exercent une profession intellectuelle, ou dans un secteur de services qui mobilise plus leur tête que leur corps. D’autre part parce qu’elles vivent une prépondérance du psychisme qui prend toute la place, entretient les pensées anticipatives et déclenche de nombreuses réactions de somatisation. Beaucoup de médecins généralistes m’orientent leurs patients, dont ils sentent que les symptômes sont davantage psychologiques. Ils leur préconisent d’apprendre une méthode pour se détendre. Je considère que l’aspect "relaxation" de la sophrologie ne doit pas être négligé, car de nombreuses personnes sont à la quête d’un mieux-être physique, comme la première condition de leur bien-être global. En outre, la sophrologie propose un travail sur la conscience.





Jeudi 7 Mai 2015
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