Le Sophrologue en secteur psychiatrique par Alain Giraud

Le Sophrologue, Alain Giraud, nous apporte son entretien avec Didier Terrisse.




La sophrologie peut être considérée en psychiatrie comme un possible complément aux thérapeutiques déjà en place.

Toute personne atteinte d’une psychose est amputée, en partie, d’une relation et d’une communication adaptées à autrui. La psychose se caractérise par l’incapacité à vivre de façon différentielle, par l’indistinction du sujet et de l’objet, l’absence des limites du Moi. Le corps de la personne atteinte de schizophrénie est le siège de phénomènes pénibles, angoissants (angoisse de morcellement, expériences de déréalisation, de dépersonnalisation, opération psychique encore plus régressive…).

Des symptômes divers (apragmatisme, hallucinations, anosognosie, clinophilie, incurie, aboulie, alogie…) touchent ces sujets au plus profond de leur être. Des désordres dans le corps, des troubles au niveau du langage, des éléments délirants, des éléments dissociatifs…définissent cette pathologie. Tous ces symptômes témoignent de leur grande difficulté à être dans le monde avec les autres, à donner une existence à leur être, à entrer en relation, à communiquer.

Didier Terrisse, infirmier de secteur psychiatrique au Centre des thérapeutiques physiques et sportives Pierre de Coubertin Pôle P.A.I.S - Centre Hospitalier de Montfavet (Vaucluse) est aussi sophrologue diplômé de l’Institut de Sophrologie Relationnelle® Alain Zuili. La sophrologie a été mise en place au sein de son unité de soins.

Alain Giraud : Au cours de vos études de sophrologue, vous avez effectué votre stage au sein de l’unité où vous travaillez en tant qu’infirmier. vous avez pu ainsi expérimenter le profond intérêt de cette méthode dans le milieu psychiatrique. Dans quelle optique cette expérience a-t-elle été réalisée ?

Didier Terrisse : L’objectif était de développer l’axe psychocorporel auquel préexistait le yoga. Je suis infirmier dans cette unité. Nous prenons en charge des personnes atteintes de pathologies telles que les troubles bipolaires, états dépressifs, psychoses hallucinatoires chroniques, addictions… J’ai mis en place des séances de sophrologie. Il faut cependant préciser que dans certaines pathologies, il ne sera pas question de proposer cette méthode (états délirants aigus, psychopathie, intensité d’un état dissociatif…). Les séances de sophrologie ont eu lieu tous les vendredis, uniquement en groupe (12 personnes environ), la file active (nombre de patients étant venus au moins une fois) étant d’environ 70 patients depuis septembre 2008. Un travail de supervision est effectué de façon mensuelle avec la psychologue : le sophrologue, proposant de «déposer les yeux » en séance, doit garder les siens bien ouverts, d’abord pour accompagner les sophronisants, ensuite pour garder en pleine conscience l’existence des phénomènes transférentiels et contre-transférentiels inhérents à toute pratique soignante.

Qu’avez-vous essentiellement proposé à vos patients ?

La Relaxation Dynamique 1 (RD1), avec l’adjonction de quelques techniques de présentification et de futurisation, active considérablement la dynamique psychocorporelle et développe la conscience qu’a l’individu de son schéma corporel. La sophrologie est créatrice et restauratrice du lien, même lorsque ce lien à l'autre est perturbé. Elle permet aussi au sujet de retrouver le sentiment de soi, d'expérimenter la sensation d'être. Ainsi grâce à la sensation vécue et sa prise de conscience, l'accès à l'avènement du sujet devient possible : l'expérimentation du Moi corporel donne la clé qui ouvre la porte d’accès à sa propre identité. Le corps est notre racine, notre attachement au réel. Se restructurer à partir de son corps, c’est permettre la rencontre avec soi dans cette zone de conscience sophronique où le Moi corporel et le Moi présentiel se donnent la main comme deux amis enfin retrouvés.

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Jeudi 7 Mai 2015
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