Sclérose en Plaques et Sophrologie. Isabelle BANET




Alain Giraud : Comment peut-on définir la Sclérose En Plaques (SEP), qui est une affection du système nerveux central ?

Isabelle Banet : Cette maladie touche le cerveau, le cervelet et la moelle épinière, qui ont en commun d’être constitués de cellules spécifiques, les neurones. Ces derniers comportent un prolongement essentiel pour la transmission des informations depuis le cerveau, l’axone, par lequel chemine l’influx nerveux. Les axones sont protégés par une substance propre au système nerveux, la myéline. Elle a pour rôle d’accélérer le passage de l’information électrique au niveau de l’axone. C’est la myéline qui est attaquée chez les patients atteints de SEP. Elle est détruite, par plaques, ce qui donne son nom à cette affection. Lorsque le trajet de l’influx est interrompu, l’information créée par le cerveau n’est plus transmise de façon adaptée au corps (et vice versa).

La SEP est-elle considérée comme une maladie auto-immune neuro-dégénérative ?

Tout à fait… Elle est la conséquence d’un dysfonctionnement du système immunitaire, en temps normal chargé de vous défendre contre les corps étrangers, qui, pour des raisons inconnues, se retourne contre vous. Classiquement, on distingue trois grandes formes de la maladie : des formes rémittentes, qui se manifestent sous l'aspect de poussées, des formes progressives où le handicap s'accroît régulièrement dès le départ sans poussée et des formes secondairement progressives, où la maladie évolue de façon continue après une période de plusieurs années marquées par des poussées suivies de rémissions.
Notons qu’il y a autant de SEP que de malades.


Attachons-nous plus particulièrement à ce qui caractérise les personnes atteintes de SEP. Nous pourrons ainsi affiner et ajuster l’accompagnement sophrologique de cette pathologie. Qu’en est-il exactement ?

Il est fondamental de prendre conscience que « si la Vie est un jeu de cartes, la maladie le mélange et change la donne ». La maladie est un chaos dans un parcours de vie, la personne qui souffre a besoin de réorganiser sa représentation du monde.

Le bouleversement qu’elle engendre sera différent d’une personne à l’autre, en fonction de son histoire, son éducation, ses croyances.

Néanmoins, dans les maladies dégénératives comme la SEP, il y a forcément (cela est vrai plus qu’ailleurs) une diminution des capacités physiques, qui engendre une dévalorisation, la personne se sent diminuée, le corps lui échappe ! Le corps est souffrance, ce n’est plus un ami.

Il y a aussi l’incertitude du lendemain qui est là, bien présente ! Comment la maladie va-t-elle évoluer ?

Sans oublier toutes les angoisses qui l’accompagnent. Que va-t-elle perdre à la prochaine offensive de la maladie ?

Quelles seront les conséquences sociales, professionnelles, économiques ?

La prise en considération du stress engendré par la maladie est fondamentale et nécessaire.

La maladie est ce que Frédéric Lenoir (écrivain et philosophe) appelle le « donné » de la vie. Nous n’avons pas choisi, nous n’avons pas voulu, mais c’est là. Et il faut apprendre à vivre avec ! Tout le challenge de sa gestion est là.

Accepter est un parcours difficile pour une personne en souffrance ? Quels vont être les objectifs d’un accompagnement sophrologique ?

Isabelle Banet est sophrologue-psychologue à Aix en Provence où elle utilise également l’hypnose ericksonienne. Membre élu au conseil du Syndicat des Sophrologues Professionnels, elle nous fait part de son savoir-faire acquis en cabinet libéral auprès de personnes atteintes de sclérose en plaques, et plus largement de maladies chroniques lourdes et invalidantes.



Jeudi 7 Mai 2015
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